• Pratique sportive et vie spirituelle: même combat?

    Article paru dans la revue du diocèse à l'occasion des JO en France, dans un dossier intitulé Sport et Foi

    Si l'intérêt de l'Eglise catholique pour le sport n'est pas nouveau, on constate actuellement (et pas seulement à la faveur des jeux olympiques et paralympiques) un développement de sa réflexion sur les pratiques sportives.

    Dans ce contexte, et par un propos libre, nous proposons ici 3 axes mettant en parallèle la pratique du sport et la vie spirituelle.

    1. D'une couronne à l'autre

    "Vous savez bien que dans le stade, tous les coureurs participent à la course, mais un seul reçoit le prix. Alors, vous, courez de manière à l'emporter. Tous les athlètes à l’entraînement s'imposent une discipline sévère; ils le font pour recevoir une couronne de laurier qui va se faner, et nous, pour une couronne qui ne se fane pas." Par ces mots, saint Paul (première lettre aux corinthiens, 9, 24-25) ordonne l'une par rapport à l'autre 2 couronnes: celle de laurier, terrestre, passagère, et celle céleste et éternelle, que dit d’abord rechercher la discipline. La "discipline sévère" de l'athlète devient comme un modèle de discipline pour le chrétien.

    En effet, "les qualités humaines qui sous tendent les activités sportives sont les mêmes que sous tendent les activités spirituelles": par ses efforts personnels, l'athlète sportif deviendra un meilleur athlète spirituel si, du moins, il sait ordonner les priorités et ordonner sa vie à Dieu.

    Ainsi la pratique sportive peut conduire au progrès spirituel notamment par le développement de la vertu de persévérance et par l'intégration raisonnable du sens de l'effort. Les corps comme à l'esprit qu'un heureux dépassement de soi est possible et enrichissant. C'est typiquement ce qui est mis en jeu dans un pèlerinage où le corps et l'esprit sont simultanément sollicités.

    2. Du "fair-play" à la charité chrétienne

    Même lorsqu'il pratique un sport individuel, l'athlète n'est que très rarement seul. Il rencontrera nécessairement des adversaires, des entraîneurs, des arbitres, d'autres athlètes, du public...

    Il sera mis également en face des règlements et parfois de nobles traditions. Ainsi, celle ou celui qui s'adonne à la pratique d'un ou plusieurs sports se confronte non seulement à lui-même mais encore aux autres.

    Cette confrontation relationnelle liée au milieu sportif et développé lors des entraînements, des éventuelles compétitions et des discussions annexes permet au sportif de gagner en humanité. Pour un disciple du christ, le sport, alors peut être un excellent lieu épanouissement et de croissance; il va notamment permettre le développement, chez le pratiquant de l'écoute et du souci du plus faible et du plus petit.

    Ce que l'on appelle le fair-play sportif est synonyme de respect, de loyauté et de maîtrise de soi, d'humilité; autant de qualités, de vertus, précieuses à la croissance chrétienne. Ajoutons que le bon comportement d'un athlète chrétien pourra , par l'exemplarité, favoriser évangélisation (l'inverse sera tout aussi vrai; c'est là pur lui une exigence).

    3. Du "moment magique à l'état de grâce"

    Un maître d'armes et anciens professeur d’éducation physique, Emmanuel D. , décrivait récemment ce qu'il appelle dans la pratique sportive, le "moment magique". C'est cet instant, très bref ou plus long, ressenti par l'athlète (et parfois ressenti par le public et le commentateur sportif), où un geste est parfaitement exécuté, précisément au bon instant, et qui, par exemple, trouve son accomplissement dans un but magnifique au football ou dans un amorti splendide au tennis.

    Il y a  là comme quelque chose de quasiment transcendant qui fait goûter au sportif et à son entourage comme un temps singulier qui le dépasse et qui apporte une forme de joie (quand ce n'est pas une euphorie, plus ou moins heureuse). S'émerveiller des capacités humaines déployées dans l'effort physique c'est, pour un croyant, la possibilité de s'émerveiller de la création de Dieu, et donc surtout du Créateur: "je reconnais devant toi (mon Créateur) le prodige, l'être étonnant que je suis: étonnantes sont tes œuvres, toute mon âme le sait." (Psaume 138, 14)

    Là encore, si le sportif sait tenir sa place de créature, la satisfaction qu'il trouvera dans la pratique sportive, particulièrement dans le beau geste, ouvrira son cœur à la louange et à l’action de grâce envers le Tout Puissant.

    Abbé Franck Ruffiot

     


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